Faut-il être médecin pour pratiquer des injections ?

On voit fleurir sur les réseaux sociaux, et notamment sur Instagram, de plus en plus de comptes proposant des injections d’acide hyaluronique pour remodeler le nez, les lèvres ou encore les pommettes. Mais tous ces comptes ne renvoient pas forcément aux services d’un médecin, ce qui amène à se demander s’il faut être médecin pour pratiquer ce type d’injections.

Le Dr Lemierre, chirurgien esthétique à Bordeaux, vous répond.

La législation en France concernant les injections

La législation française est très claire, seuls les chirurgiens esthétiques, les dermatologues et les médecins esthétiques ayant été spécifiquement formés aux techniques d’injections sont autorisés à les réaliser.

Comme l’indique le Code de la santé publique : « La réalisation d’injection est interdite aux esthéticiens et a fortiori à tous les non-professionnels. » Ce qui est rappelé par le ministère de la Santé publique : « La pratique d’injection à visée esthétique par des esthéticiens et des non-professionnels de santé est illégale. »

L’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament) explique que « Ces pratiques réalisées par des non-médecins sont dangereuses et interdites […] seuls les médecins sont autorisés à les réaliser. » Elle continue en expliquant que l’utilisation des acides hyaluroniques injectables à visée esthétique « est réglementée et réservée aux médecins. Leur formation et leur connaissance de l’anatomie du visage et du corps font qu’ils sont les seuls habilités et compétents pour garantir la sécurité des injections. »

La multiplication des injections illégales

Depuis quelque temps, on voit se multiplier le nombre de dérives en matière d’esthétique, et notamment concernant les injections. Avec une forte communication sur Instagram, appuyée par des photos avant/après qui font rêver et des prix défiant toute concurrence, des non-médecins, auto-proclamées injectrices, proposent de réaliser des injections en toute illégalité.

Ces « fake injectors » se rendent alors coupables de tromperie en matière de santé et d’exercice illégal de la profession de médecin. Des délits punis de 7 ans de prison et 750 000€ d’amende pour l’un, et de deux ans d’emprisonnement et 30 000€ d’amende pour l’autre.

Les dangers des injections sauvages

Au-delà de leur caractère illégal, ces injections clandestines représentent un véritable danger pour les personnes qui prennent le risque d’y avoir recours. Elles ont lieu dans des appartements loués à la semaine ou dans des chambres d’hôtel, dans des environnements non stériles, non contrôlés et sans aucun respect des normes d’hygiène les plus basiques (parfois avec des faux ongles, sans gants, ou avec du papier toilette en guise de compresses !).

Ces pseudo-injectrices n’ont pas les qualifications pour injecter correctement. Les injections sont donc mal réalisées, au mauvais endroit ou avec une trop grande quantité de produit. Elles n’ont pas les compétences nécessaires pour identifier les effets secondaires graves et pour les prendre en charge correctement.

Il faut de longues années d’études et des formations complémentaires aux médecins pour connaître l’anatomie du visage et ses spécificités afin de réaliser des injections. Des connaissances que ne possèdent pas les injectrices clandestines.

Ainsi, ces injections illégales peuvent exposer à des conséquences parfois gravissimes comme des infections, des paralysies ou des nécroses quand l’injection est réalisée dans une artère, ce qui peut conduire à une amputation de la lèvre et du nez. Des patientes se retrouvent défigurées, et le chemin pour soigner des séquelles, parfois irréversibles, peut être très long, douloureux et coûteux.

Votre santé ne doit pas être sacrifiée pour des prix peu élevés. Si vous songez à effectuer des injections d’acide hyaluronique, il est primordial de vous adresser à un médecin expérimenté et inscrit au Conseil de l’Ordre. Lui seul est en mesure de garantir la qualité des produits injectés et la sécurité des injections.

Pour en savoir plus sur le problème des fake injectors, le Syndicat National de Chirurgie Plastique Reconstructrice et Esthétique (SNCPRE) a édités plusieurs actualités et lancé de nombreuses alertes sur le sujet.